Avec ‘Le secret du pilfastron’, l’histoire-titre du numéro 44 du magazine Je Bouquine (1987), Robert Escarpit nous offre avant l’heure l’opportunité d’une analogie avec l’intelligence artificielle par apprentissage automatique. Les personnages de cette histoire utilisent une machine à tirer à pile ou face, le pilfastron, pour toutes leurs décisions. De nos jours, ce serait l’intelligence artificielle par apprentissage automatique. Ce que ces personnages ignorent, c’est que les pilfastrons sont télécommandés par les membres d’une société secrète – et bienveillante – qui prend ainsi les décisions.
Comme le pilfastron, l’intelligence artificielle se fait passer pour ce qu’elle n’est pas. Cette machine à résultats, pour parvenir à un résultat, n’utilise cependant pas la réflexion telle que nous l’entendons, mais la force brute des statistiques.
On lui reproche à la fois son inefficacité et son efficacité. Son inefficacité, parce qu’elle ne fait que conforter et propager nos biais cognitifs et enclore notre société dans une reproduction déterministe du passé. Son efficacité, parce qu’elle étend le pouvoir des appareils de domination individuels et collectifs. Les personnes en question peuvent ainsi mentir, surveiller, opprimer, à une échelle hors de mesure avec leur nombre réel. Certains de ces systèmes sont cachés, à l’image de la faction qui manipule les pilfastrons dans l’histoire de Robert Escarpit. D’autres sont connus et bien visibles, comme le Ministère de la sécurité d’état en Chine.
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