Des trois Tours Noyées, Sarda et Mordana sont les moins majestueuses. Elles n’ont pu résister à l’invasion des vorvors, toujours avides de nouvelles possessions. Seules les sépultures royales n’ont pas été pillées, autant par respect de l’art que par crainte d’en voir surgir quelque spectre vengeur. Les murs des chambres mortuaires, depuis des millénaires, résistent à l’eau qu’y déchaînent parfois des prêtres pillards ayant réussi à traverser la zone interdite. À chaque strate d’une tour correspond, comme au temps de l’antique Aquilonie, un statut hiérarchique précis. Le nariac Falob le Hideux réside ainsi à la base de Mordana, où il tient prisonnier le bariac de Sarda, attendant une rançon. Les gens du commun, tels que les marchands ou les étrangers de passage, habitent généralement les plus hautes strates, à la limite du Monde Interdit. L’activité commerciale est concentrée dans ces niveaux où rôdent voleurs et vagabonds. Les bijoutiers et autres receleurs de Sarda sont célèbres jusque dans le Monde Interdit, forts de l’héritage du Temps des Pillages.
Ancrée dans la fosse abyssale de la Mer Maudite d’Astralisto, Aquila s’élève infinie colonne, surpasse les montagnes, domine les flots et s’élance vers les cieux. D’effilés vaisseaux vorvors y maintiennent une inlassable surveillance, des vaisseaux dépourvus de toute substance de vie. Ce sont les pillards venus jadis chercher les richesses de la Tour Baignée, mais ayant trouvé une toute autre sorte d’accomplissement que celui rêvé, qui constituent les équipages squelettiques. Mues par les sombres ressorts de la damnation, ces cohortes silencieuses sillonnent sans relâche les eaux qui entourent l’immense édifice.
Texte écrit en 1992, publié par Shadrack le 25 décembre 2004 sur http://achernar.over-blog.com/article-41257.html
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