Maturud est né dans l’Ouest lointain, dans un pays civilisé qui s’appelle Safelster. Il a fait ses premières armes sur les champs de bataille de Ralios et de Fronéla. Il a rejoint il y a longtemps une bande d’aventuriers venus d’ailleurs : un razzieur du désert praxien, une princesse de quelque contrée orientale accompagnée d’un tigre à dents de sabre et un géant chauve marié avec la Mort. Pourquoi ? Les circonstances, l’opportunité, le destin. Pas l’amitié. Maturud n’est pas spécialement sympathique, en dépit de l’accent chantant avec lequel il s’exprime dans la Langue des Marchands. C’est un « athée« . Le berserker praxien déteste sa façon de chercher le compromis. Certes, le char de guerre de Maturud, sa plus redoutable arme, trace un sillage sanglant dans les troupes ennemies, grâce à des faux latérales patiemment affûtées et à l’énergie des deux chevaux qui le tirent. Mais tout cela n’est-il pas accompli juste pour l’argent et non l’honneur ? Maturud est un mercenaire. Il appartenait à l’unité des Boucliers Noirs ; il a déserté. C’est un banni désormais, un homme sans cause et sans foi. Serait-ce un lâche ?
Jusqu’ici, cette méfiance ne semblait être que le produit des préjugés et de l’entêtement des adeptes du Taureau Tempête. Maturud ne marchandait pas son courage quand il fallait aider ses compagnons d’armes ; il ne volait pas ni ne mentait, bien qu’il ne mentionnât pas les raisons exactes de son départ des Boucliers Noirs. Parfois, il se battait même gratuitement.
Récemment, ses compagnons ont découvert un nouvel aspect de la personnalité de cet homme qu’ils côtoient depuis bien des saisons. Les soldats de la Lune Rouge détenaient une information que convoitait le petit groupe, désormais à la solde de la résistance sartarite. Il n’y a pas d’autre mot que la torture pour désigner la façon dont Maturud obtint les renseignements recherchés. A la plus grande surprise de ses compagnons qui ne lui connaissaient pas ce visage, et peut-être aussi à son plus grand étonnement (comme s’il s’agissait d’un aspect de lui-même longtemps écarté), Maturud est un parfait salaud.
Maturud va-t-il encore céder à ses penchants obscurs ou bien va-t-il retrouver le chemin de l’honneur, si difficile quand on est un homme libre, sans dieu ni maître ?
Publié le 25 décembre 2004 sur http://achernar.over-blog.com/article-41251.html.
Laisser un commentaire