La démocratie représentative minée par ses scrutins: il faut innover !

TLDR Pour faire société, nous ne pouvons plus nous contenter d’un système de scrutins majoritaires qui nie la diversité. Chaque voix doit compter. Le vote blanc peut être fléché vers du tirage au sort.

A une autre époque, où la diversité de la société n’avait pas droit de cité, où les médias et les moyens de communications n’étaient pas aussi accessibles, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours et ses comparses ont pu sembler être des pratiques démocratiques acceptables. En 2025, après des années de montée de l’abstention et alors que beaucoup de Français, scrutin après scrutin, se retrouvent à voter « contre » et à subir des programmes indésirés, ce n’est plus tenable.

Le vote n’est plus la démocratie. Beaucoup de régimes autoritaires reposent d’ailleurs sur la pratique du vote, et le monde semble sur une trajectoire où la dictature élective devient le nouveau régime standard, détrônant la démocratie parlementaire.

En France, lorsqu’un résultat de scrutin déplaît, il peut être contourné (le « non » au référendum sur la Constitution européenne) ou ignoré (le refus d’Emmanuel Macron de nommer un premier ministre du bloc arrivé en tête des élections législatives de 2024, lui préférant une alliance avec le bloc d’extrême-droite rejeté par les électeurs).

Le vote tel qu’il est pratiqué est problématique. La République est une et indivisible en théorie. En pratique, si vous êtes un écologiste issu, par exemple, de la sixième circonscription des Hauts-de-Seine, à Neuilly-sur-Seine (mes amitiés Thierry Hubert), territoire très ancré à droite, votre voix sera perdue aux législatives. Le député sera un député conservateur. De même, si vous êtes un libéral-autoritariste à Arcueil dans le Val-de-Marne, votre voix est perdue d’avance. Le député sera un, ici, une, députée issue de la gauche et des écologistes.

Dans ces cas de figure, votre vote aux élections législatives, à l’heure des résultats, ne sert qu’à contribuer au financement public du parti dont vous soutenez les représentants. Dans l’Assemblée nationale issue de ce scrutin, les députées et députés, issus des territoires mais censés représenter tout le peuple, se groupent et travaillent selon des lignes idéologiques qui ne peuvent pas représenter la diversité de leurs constituants locaux.

Améliorer le fonctionnement du vote est cependant la dernière priorité d’un clan politique qui, après avoir proclamé depuis 2017 vouloir faire de la politique autrement, ne tient en réalité depuis que par les failles et les imperfections de notre démocratie.

Néanmoins, que pouvons-nous souhaiter? A titre personnel, j’aimerais, pour les prochaines élections législatives, que la proportionnelle la plus complète possible permette à tout le corps social de se passer d’un épisode supplémentaire de facho-anxiété. Les modalités du système sont à préciser, mais quelque chose qui ressemblerait au système électoral allemand (avec des listes nationales permettant de compenser des résultats par circonscription pour aboutir à un résultat final proportionnel aux intentions exprimées) serait plus adapté à l’époque.

Pour un vote blanc qui apporte du sens aux élections

L’abstention progresse, hormis exceptions, dans les élections nationales parce que, à bien des égards, elle aboutit au même résultat que le vote blanc. Rien ne les distingue en termes de résultats concrets dans les assemblées. Insatisfaits de l’offre politique, les gens se détournent de l’isoloir.

Soutenons la reconnaissance du vote blanc. Demandons que le vote blanc soit comptabilisé dans les suffrages exprimés. Les Écologistes ont exprimé cette position notamment via le projet Vivant.

Poussons la réflexion plus loin. Sortons le vote blanc de son rôle actuel de « truc » pour lui conférer un poids électoral à sa mesure. Considérons le vote blanc comme une demande d’alternative, qui s’oppose à une offre politique jugée insuffisante. Gageons qu’une telle réforme rendra notre démocratie plus vivante, les candidats et candidates devant non seulement mettre en exergue l’intérêt des orientations proposées mais aussi adopter une démarche inclusive de conviction du corps électoral avec des offres politiques claires.

Plusieurs méthodes sont envisageables pour conférer au vote blanc le poids qu’il mérite :

  • Lui permettre d’annuler le scrutin au-delà d’un certain seuil,
  • Lui conférer le pouvoir de diminuer le nombre de membres élus dans une assemblée,
  • Lui donner un pouvoir plus positif, en fléchant ce vote vers l’élection par tirage au sort de personnes non présentes sur les listes proposées.

Le vote blanc est un acte démocratique positif, qui s’oppose en cela à l’abstention. En reprenant l’idée d’un système proche de celui ayant cours en Allemagne, nous pourrions avoir à l’Assemblée nationale des députés et députées élus qui via les territoires, qui via les listes de partis, qui via tirage au sort sur la part du vote blanc.