Que faire d’un mari gênant ?

Un malheureux perruquier de la Rochelle plaida sa cause devant l’intendant. Sa femme, Madeleine Guillermin, s’étant abandonnée à toutes sortes de débauches dans lesquelles elle avait même prostitué sa fille, le voyait tout prêt à implorer le bras de la justice. Elle résolut de se défaire d’un époux si gênant et forma  un complot avec quelques-uns de ses compagnons de plaisir. Deux valets de chambre travestis en personnes de condition achetèrent des perruques au malheureux boutiquier. Ces gens feignirent d’avoir oublié leur bourse sur le navire où ils allaient s’embarquer. Notre perruquier les suivit sur le Soleil d’Afrique et tandis qu’il courait après son payement, le vaisseau mit à la voile pour le Canada ! Voilà notre malheureux en Amérique; on voulait le livrer aux Hurons. Il réclama tant qu’il obtint un passe-port pour venir en France. Triste retour ! Sa femme donnait le bal au capitaine des gardes. Les gardes se saisirent immédiatement du mari importun, le mirent en prison. Les complices rédigèrent un faux ordre du Roi; une barque s’arrêta au pied de la tour où le perruquier était enfermé et l’emmena à l’île de Ré. De là un navire le transporta à Saint-Domingue…

(Fonctionnaires maritimes et coloniaux sous Louis XIV : les Bégon, Yvonne Bezard, Paris, 1932)


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