Compote de coings

Quand j’étais petit, nous passions une partie des vacances d’été dans la maison de ma grand-mère au Limousin. Il y avait un grand jardin où j’ai beaucoup joué avec mes soeurs et avec mes cousins. Une partie du jardin était en friche et les fruits du coignier qui y poussait tombaient par terre, pourrissaient et étaient mangés par les animaux. Un jour, je concoctai dans une écuelle de dînette une mixture répugnante à base de coing pourri. Il y avait d’autres ingrédients mais, de mémoire, le coing pourri était vraiment le secret de ce plat épouvantable.
Confronté au succès de mon entreprise anti-culinaire, je me suis sans doute demandé que faire du résultat. Le manger m’aurait certainement déplu. Alors je me suis rendu à l’immense grille qui séparait le jardin de la rue et j’ai précipité tout ce coing pourri sur la maison d’en face. La mixture s’est écrasée contre le portail du garage des voisins, dégoulinant rapidement par terre.
Tout ça se passait il y a longtemps, dans la première moitié des années 1980, et je ne me souviens plus si j’avais agi seul ou avec un cousin. Je me souviens vaguement d’un sentiment d’hostilité contre le fils des voisins d’en face, mais qui semble n’avoir duré que pour ce seul épisode. Ce fils des voisins était-il seulement présent ? Lui ai-je jamais parlé ? Je crois qu’il écoutait en boucle Oxygène de Jean-Michel Jarre. C’est tout ce que je sais de lui.

Publié le 19 décembre 2004 sur http://achernar.over-blog.com/article-36947.html.


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