Dans le cadre de la campagne municipale à Arcueil, j’ai participé à un atelier du collectif Vivre Arcueil au sein duquel je milite, en qualité d’écologiste local. Ce fut pour moi l’occasion de rencontres intéressantes et d’un petit pas de côté pour réfléchir à ce que ça signifie de vivre ensemble dans une ville. C’est le même genre de pas de côté que propose Étienne Cognet, un autre écologiste valdemarnais, dans La ville qui vient : Pour une écologie politique des territoires urbains, ouvrage qui se lit en une heure. Pas de solutions toutes faites, mais un terreau d’idées. J’y retrouve, sous une autre forme, certaines de mes réflexions, notamment l’idée que pour « faire société » il faut aussi, dans l’espace, « faire ville« , à une époque où de plus en plus de gens vivent leurs activités sur des supports électroniques, aussi séparés de leurs voisins que s’ils habitaient dans un autre pays. (La pandémie a-t-elle jamais cessé ?) « Les lieux sont devenus des zones« , écrit Étienne Cognet, qui demande « pour quoi faire la ville ?« . Dans celle qu’il imagine désirable, « on ne traverse pas seulement l’espace, (…) on est traversé·e par lui« . Dans les territoires où j’ai habité, dans les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne, « la ville moderne s’est construite contre le vivant« , non-humain comme humain, dans bien des cas, en tout cas au détriment de « notre santé, notre bien-être, notre capacité d’émerveillement« . L’auteur recommande « le refus de l’invisibilité« , de « mettre l’émancipation au cœur de toute politique municipale » – ce qui me rappelle furieusement la primauté proposée à la recherche de la « dignité » par Sophie Pascale-Lericq, tête de liste du collectif Vivre Arcueil, lors de l’atelier précité. La matière est d’autant plus inspirante qu’au-delà des choix urbanistiques, des tendances lourdes vident la ville de sa substance: décroissance des ressources budgétaires, grand détournement des corps et des esprits vers les écrans et fatigue associée, reculs des financements de la protection sociale et des associations, vampirisme de l’e-commerce, etc. La ville prend le chemin d’une commodité, une zone normée qu’on traverse sans être traversé par autre chose que le stress. « Habiter« , pour conclure, « suppose une relation« . A nous toutes et tous de nous emparer du sujet, pour tisser des liens qui fassent « ville« .